Balade romantique à la chapelle de Jouffe, dans le bois des Lens
Pas facile de fixer l’heure du départ pour une promenade vespérale dans le bois des Lens lorsqu’il fait encore plus de 30° à 19 heures… C’est finalement à 20 heures qu’une vingtaine de curieux, qui s’était donnés rendez-vous à la mairie de Montmirat, se sont aventurés, vendredi 5 juillet, sur le chemin qui grimpe jusqu’au site de Jouffe.
Après avoir fait une halte au Castellas afin d’examiner les murailles de l’ancien château construit au XIème siècle par les seigneurs de Montmirat, eux-mêmes sous la dépendance des Bermond d’Anduze, le groupe a hâté le pas pour parvenir au pied de la chapelle de Jouffe avant le coucher de soleil. Une visite du site a permis de découvrir tout d’abord le réservoir romain qui se situe en contrebas de celle-ci. Bien conservé, même si le toit et la cloison centrale on été détruits, il présente des murs qui ont résisté à l’épreuve du temps grâce à une réalisation en opus caementicum, un béton romain constitué par un mélange de mortier et de pierres coffré entre deux banches ou entre deux parements dressés faisant office de coffrage perdu. Cet ouvrage possède en outre un enduit en état impeccable dans la composition duquel entre de la brique pilée.
Puis est apparue dans les derniers rayons du soleil, la ruine de la chapelle de Jouffe, une chapelle dédiée à la vierge construite au IVème siècle. Cet édifice est le plus vieux sanctuaire dédié à la vierge édifié dans le Gard, et pourtant, malgré son intérêt, il n’est pas classé ! Les historiens ont découvert des éléments permettant de situer les premiers cultes chrétiens qui y ont été pratiqué en 342 après J.-C.. Cette chapelle a été érigée sur un ancien lieu de culte dédié à Jupiter (Jovis en latin) d’où le nom de Jouffe donné au site et à la chapelle nommée « Notre Dame de Jouffe », ou, plus familièrement, « la Jouffe ». Tout le site présente un grand intérêt, et on y a découvert les traces d’un oppidum, d’un cimetière, et, un peu plus haut, d’un temple dont il ne subsiste aujourd’hui que la base circulaire.
Les fouilles qui ont été pratiquées à Jouffe et à Mabousquet n’ont malheureusement pas pu être approfondies autant que le site l'aurait mérité, vu son importance, et les pilleurs ont privé les chercheurs d’éléments qui pour certains importants de la vie sur ce site. Toutefois des pièces intéressantes ont été dégagées par les archéologues qui ont pu mettre en évidence que le site était occupé au moins depuis le Bronze final.
Après avoir traversé les ruines des bâtiments adjacents à la chapelle, les mattes de thym et de romarin brûlées par le soleil et s’être fait picoter les chevilles par un tapis de Crapaudines romaines sèchées, les explorateurs d’un soir ont admiré depuis un promontoire la vue sur le Pic-Saint-Loup, l’Hortus et les Cévennes et, juste en contre-bas, les ruines du Castellas, la vallée de la Courme et ses villages qui, d’année en année, gagnent sur les terres cultivées…
Un pique-nique au pied de la chapelle a permis aux participants de reprendre de l’énergie avant d’entamer, presque à contre-cœur une descente vers la plaine... et la chaleur des villages et des maisons. Chemin faisant, aidé de lampes frontales, on a pu encore découvrir quelques voûtes d’une ancienne bergerie avant de se séparer, au hameau du Castellas, d’Arnaud qui a guidé le groupe et l’a éclairé de ses explications savantes. De retour à Montmirat, on s’est dit que cette balade était à refaire. A l’automne, peut-être, pour voir le soleil se coucher au-dessus du Pic-Saint-Loup ?
Cette soirée était organisée par l’association l’Œil Vert en partenariat avec le Collectif d’associations pour la défense du bois des Lens. Elle s’inscrit dans le cadre de l’action « À la découverte du bois des Lens », soutenu par le Conseil Départemental du Gard et l’Europe au titre du programme LEADER du GAL "de Garrigues en Costières".